Ne pas confondre responsabilité et culpabilité !

Avant de répondre aux questions d’un parent, il est utile d’expliquer comment un bébé, un enfant se développe, se constitue, se construit. Prendre du temps pour y arriver permet de comprendre pourquoi chaque enfant est différent et combien la tâche de parent reste difficile pour mener son enfant dans une dynamique de développement. Lorsqu’un parent s’interroge sur son enfant, il a besoin d’entendre qu’il a fait tout son possible. Personne n’aime être critiqué, mais un parent est particulièrement sensible quand il est question de son enfant à lui. C’est comme avec ses parents : je peux critiquer mes parents mais je ne permets pas aux autres de le faire !

Il suffit de constater comment les remarques de notre conjoint sur nos propres parents suscitent d’emblée de la susceptibilité et des blessures, que ces critiques soient fondées, justifiées ou non. Néanmoins, les parents ont parfois tendance à confondre responsabilité et culpabilité. Et pourtant, apprendre à devenir parent passe nécessairement par des essais et des erreurs… comme tous les apprentissages. Si l’essai est une réussite, il va faciliter l’apprentissage, si l’essai est une erreur, il faudra apprendre à ne pas la répéter. Mais ce n’est en aucune manière une faute. Le risque est grand pour un parent de confondre erreur avec faute, d’entendre une remarque comme une critique, une observation comme un jugement, un problème comme une condamnation de ses attitudes éducatives.

Une réponse adaptée aux parents

Répondre à une question d’un parent qui s’inquiète demande beaucoup d’attention. On se souvient de l’anecdote du soldat qui, épuisé par la bataille, a mis toute son énergie pour prévenir son roi de la situation et est exécuté parce qu’il lui a annoncé que l’armée a encaissé une défaite. Elle nous rappelle que, lorsqu’une question se pose, il y a trois problèmes : le risque d’épuisement et de découragement du soldat (le parent), la défaite de la bataille (la difficulté de la situation), la réponse du roi (le « psy » par exemple). Si la réponse est inadéquate (comme ici pour le soldat), elle peut atteindre l’image du parent, son autorité, ses ambitions,… et donc rendre la situation encore plus difficile. Deux consignes sont importantes à avoir en tête : une erreur n’est pas une faute et parent responsable oui, coupable non !

Des notions fondamentales pour comprendre l’enfant

La dynamique de développement de l’enfant interroge le plaisir, l’attention, l’initiative et la réciprocité. Ce sont les quatre notions dont se sert le pédopsychiatre pour comprendre un enfant. Elles permettent de voir comment l’enfant appréhende le monde : relations avec les autres, plaisir à jouer, etc. Cette appréhension, cette structure issue du plaisir, de la réciprocité, de l’attention et de l’initiative de l’enfant dépend de la contenance des parents et de leurs projections. Les mots sont importants, mais le corporel l’est tout autant. Ces quatre valeurs vont s’exprimer de façon très différente en fonction de l’âge de l’enfant et de ses compétences.

La plupart des enfants vont bien et certains enfants vont mal. Mais il existe aussi pas mal d’enfants qui font semblant d’aller bien, c’est-à-dire qu’à force de se soumettre aux rythmes et aux attentes des adultes, ils grandissent au détriment de leur capacité de rêverie, d’imaginaire. La capacité de se rassurer (par rapport à l’angoisse de séparation ou de chute) ne s’organise pas suffisamment et des problèmes peuvent s’installer, par exemple : des troubles somatiques, des troubles de comportement, des troubles relationnels ou des troubles d’apprentissage.

Alors, je fais quoi ?

En résumé, la fonction parentale demande du temps, de l’organisation et de la disponibilité émotionnelle. Prendre du temps reste incontournable, tout comme s’organiser (c’est-à-dire veiller aux petites choses du quotidien, essentielles mais peu reconnues et peu valorisées !) pour anticiper et montrer que les limites sont nécessaires et rassurantes. Cela permet surtout de faire face à l’imprévisible !

Les émotions restent essentielles. Elles ont besoin d’être reconnues et exprimées. Cela demande du temps de permettre l’expression de ces émotions chez un bébé/enfant qui se construit, car on ne peut faire l’économie de reconnaître et d’exprimer ses propres émotions d’adulte. Ce n’est pas facile, d’autant plus que celles-ci peuvent être en contradiction avec celles du bébé/enfant, (pas facile, par exemple, de reconnaître, en tant que maman qu’on ressent de la fatigue, des difficultés, des doutes, des incertitudes devant un beau bébé qui va bien !)