La puberté comme déclencheur

La puberté oblige l’ado à modifier ses relations avec ses parents et à faire le deuil de son enfance. On ne peut pas grandir sans perdre un peu de son enfance ! Comment l’ado va-t-il trouver un nouvel équilibre entre l’attachement à ses parents, qui sont si importants pour lui, et son besoin de créer, en dehors de la famille, des liens nouveaux et nécessaires à sa future vie d’adulte ?
Le jeune va peu à peu changer son regard sur ses parents. Ils ne seront plus ces parents forts et uniques de l’enfance. L’ado doit lui-même renoncer à être l’enfant idéal et prometteur de ses parents et doit trouver sa place et sa personnalité originale parmi les adultes. Semblant soudain délaisser et critiquer ses parents, l’ado va reporter ses idéaux et ses intérêts sur le groupe des copains / copines du même âge, sur des « idoles » et sur des objets de passion en dehors de la maison.

Pendant l’enfance , l’amour de l’enfant pour ses parents est fait d’un attachement intense, de tendresse, d’admiration, mais aussi de sentiments « amoureux » pour ses parents. Les parents sont toujours les destinataires des premiers élans amoureux de leurs enfants. Cela ne porte pas à conséquences ; c’est même souvent très « mignon » et surtout très utile pour le développement de l’enfant, comme par exemple : la petite fille qui dit qu’elle se mariera avec son papa. A l’adolescence, les choses se compliquent ! En effet, le corps mûr de l’adolescent peut désormais – potentiellement – réaliser « pour du vrai » ses désirs et ses fantasmes amoureux envers ses parents. L’ado ressent cette attirance comme un danger et une grande source d’angoisse. Il s’agit maintenant de bien faire la différence entre ses sentiments tendres qu’il peut garder pour ses parents et ses désirs sexuels qu’il ne peut en aucun cas réaliser avec ses parents.

La proximité, source de conflit ?

La proximité avec un parent peut devenir source de culpabilité et de répulsion. C’est pour cela que certains ados écourtent les repas familiaux, s’enferment dans leur chambre dans laquelle ils créent « leur » désordre, refusent de partager la salle de bain, n’embrassent plus volontiers leurs parents, accaparent le téléphone, sortent à la moindre occasion, se montrent agressifs et rebelles. Ils doivent mettre de la distance dans les espaces de la maison et aussi à l’extérieur, tant ils se sentent dangereusement proches de leurs parents dans leur tête !! Ce qui passe pour de l’agressivité envers les parents est en fait une réaction contre un excès d’amour et de dépendance envers eux !

Certains ados remettent si fortement en question l’ordre établi que les parents ne le supportent pas bien. L’ado craint alors de perdre l’amour de ses parents et s’angoisse, parfois au prix de redevenir un ado trop sage, pour les tranquilliser ! Mais cela se fait alors au détriment de son propre développement et de son autonomie envers ses parents. Il faut alors que les parents trouvent, eux aussi, la bonne distance : ni trop proche ni trop lointaine avec leurs enfants devenus adolescents. Il ne faut pas pour autant oublier combien leur ado, dans cette période bouleversée, compte encore énormément sur eux, plus que jamais… mais plus de la même façon qu’avant ! Les parents doivent par exemple renoncer à prendre sans cesse dans les bras ou sur les genoux « leur petit » (devenu grand). C’est souvent douloureux pour les parents car ils perdent ainsi leur petit enfant « idéal », toujours prêt à les admirer, à suivre à la lettre tous leurs conseils et leurs idées.